Cérémonie traditionnelle du Baci au Laos

À Luang Prabang, ancienne capitale royale du Laos, on participe à une authentique cérémonie du Baci dans l’intimité d’une demeure traditionnelle, guidé par un maître spirituel respecté de la communauté.

L’expérience commence au coucher du soleil, quand les premiers chants de prière résonnent depuis les pagodes centenaires de cette ville inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Accompagné de Kham, un anthropologue laotien spécialiste des traditions bouddhistes et animistes, on découvre les fondements millénaires de cette pratique sacrée. Selon la cosmogonie lao, chaque être humain possède trente-deux âmes distinctes qui peuvent se disperser sous l’influence de forces invisibles, provoquant déséquilibres spirituels et maux physiques. La cérémonie du Baci – littéralement « appel des âmes » – permet de les réunifier pour retrouver harmonie intérieure et protection divine.

Respectant le protocole ancestral, on revêt une écharpe de soie sur l’épaule gauche avant de pénétrer dans une maison lao authentique aux murs de teck sombre et aux toitures à pignons sculptés. La famille d’accueil, descendants de nobles de l’ancien royaume du Lan Xang, nous reçoit selon les codes d’hospitalité traditionnels transmis de génération en génération. Dans la pièce principale aux planchers de bois précieux, on s’assied en cercle autour du makbeng, sculpture sacrée composée de feuilles de bananier tressées et de fleurs d’orchidées blanches et de soucis oranges, symboles de pureté et de prospérité.

Quand la nuit tropicale s’installe, ponctuée par le chant des grillons et le parfum entêtant des fleurs de frangipaniers, le Mor Phone fait son apparition. Ce sage vénérable, gardien des rituels ancestraux et maître de la parole sacrée, entame les invocations en langue pali, appelant les divinités protectrices et les esprits bienveillants. Sa voix grave et mélodieuse résonne dans la pénombre tandis qu’il attache délicatement un bracelet de coton blanc au poignet de chaque participant, chaque nœud accompagné de bénédictions personnalisées.

L’émotion culmine quand tous les convives se relient physiquement au makbeng central, créant une chaîne humaine d’une puissance spirituelle saisissante. On ressent alors cette connexion invisible qui unit chaque âme présente, dans un moment de communion rare où se mêlent recueillement et félicité partagée. Les incantations murmuréesent bercent cette méditation collective, tandis que l’encens de santal libère ses volutes parfumées.

La cérémonie s’achève par un festin traditionnel préparé selon les recettes familiales : laap de poisson du Mékong aux herbes fraîches, soupe tom kha parfumée au galanga, riz gluant servi dans des paniers de bambou tressé. Ces bracelets bénis, que l’on conservera trois jours minimum, porteront les vœux formulés en ce lieu sacré.

Une expérience mystique réservée aux voyageurs en quête d’authenticité spirituelle et désireux de s’immerger dans les traditions ancestrales du bouddhisme lao.